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UN SIGNAL DE LA TERRE
La planète orbitait à bonne distance de l’astre central de ce système stellaire triple. Des îlots rocheux, taches noires dans un océan de blanc, se dressaient au-dessus d’un scintillant paysage de glace. Et sur un de ces îlots s’étendait un réseau de câbles et d’antennes frangés de givre. C’était un poste de guet.
Une onde radio balaya l’îlot, fortement atténuée par la distance, telle une vaguelette se propageant sur un étang. Le poste de guet s’éveilla, mu par des réflexes automatiques ; le signal fut enregistré, décortiqué, analysé.
Il possédait une structure, une hiérarchie imbriquée d’index, de pointeurs et de liens. Mais une partie de ses données étaient différentes. Tels les virus informatiques dont il était le lointain descendant, il jouissait de capacités d’auto-organisation. Les données se trièrent toutes seules, activèrent des programmes, analysèrent leur environnement… et, peu à peu, devinrent conscientes.
Oui, conscientes. Il y avait une personnalité dans ces données qui voyageaient entre les étoiles. Non : trois personnalités distinctes.
— Nous sommes donc de nouveau conscients, dit la première, énonçant l’évidence.
— Quel voyage ! dit la deuxième, non sans coquetterie.
— Il y a quelqu’un qui nous observe, dit la troisième.